Ce que voit une photographe quand elle lit un brief

Il y a les mots du brief, et puis… il y a ce qu’on lit entre les lignes.

Nous ne nous connaissons pas. Nous ne nous sommes jamais vues. Vous êtes derrière un ordinateur, concentré·e sur votre projet. J’ouvre votre brief, je le lis, je le relis… et j’essaie de vous comprendre.

Dans votre tête, tout est clair. Vous voyez les images. Dans la mienne, c’est encore un peu flou — parce que vous ne m’avez pas encore dit si le fond doit être blanc, texturé, ou si vous cherchez “quelque chose d’éditorial, mais pas trop mode”. Alors je lis entre les lignes. J’ouvre votre site. Je regarde les campagnes précédentes. Je cherche à comprendre ce que vous attendez, parfois même avant que ce soit formulé.

Il m’arrive d’imaginer votre univers de travail. Un bureau lumineux, des post-it bien ordonnés ? Ou plutôt une table pleine de prototypes, un ordi portable et un casque vissé sur les oreilles ?Ce n’est pas très scientifique, mais ça m’aide à entrer dans votre monde. Parce qu’un brief, c’est avant tout un essai de dialogue entre deux personnes qui ne se sont jamais rencontrées, mais qui doivent rapidement former une équipe.

L'art du brief

Les trois plantades classiques à éviter quand on briefe un photographe

1. "On veut quelque chose de simple mais impactant."

   
   

   Sans autre précision, c’est le piège absolu. Minimaliste comment ? Couleur ou noir et blanc ? Studio ou in situ ? On a besoin d’un vrai minimum de complexité pour faire du simple réussi.

2. Le brief-copie-collé d’un mail interne.

   
   

   Souvent, il manque juste… tout : l’objectif de l’image, le public cible, le ton visuel souhaité. Bref, ce n’est pas un brief, c’est un rappel de réunion.

3. "On vous fait confiance, amusez-vous !"

   
   

   C’est gentil, mais dangereux. Si tout est ouvert, tout devient flou. Un photographe ne s'amuse vraiment que quand le cadre est clair. (Et parfois, c’est une contrainte qui libère la bonne idée.)

   
   

En réalité, un bon brief n’a pas besoin d’être long. C’est une sorte de lettre d’intention masquée. Et si nous nous comprenons dès le départ, alors tout devient plus simple : plus fluide, plus juste… et parfois, cela donne lieu à une image que l’on n’oublie pas.